L'écho de la cérole

Le procès

 

- Accusés, levez-vous !

Jonathan et son beau-frère s’exécutent. Ils ont les traits tirés.

Le juge donne lecture de l’acte d’accusation : faux et usage de faux mais surtout homicide involontaire. La culpabilité, l’angoisse, le repentir se lisent sur leurs visages. Ils sont anéantis.

Joséphine est appelée à la barre, elle livre son témoignage :

- Cette nuit-là, je me suis levée vers 3h. Après être passée aux toilettes, je m’apprêtais à regagner ma chambre quand j’ai remarqué qu’il y avait de la lumière à la cuisine. Mon mari étant depuis quelques années devenu boulimique, je me suis dit qu’il devait encore être en train de manger. C’est en arrivant sur place que je l’ai découvert, couché sur le sol et gisant dans une mare de sang.

Elle s’arrête, baisse la tête, déglutit puis poursuit d’une voix plus faible :

- Il avait la gorge tranchée…

Le juge remercie le témoin et appelle à présent l’expert de la police scientifique. Celui-ci, après avoir fait circuler Jocelyne dans sa boîte parmi les jurés, donne ses conclusions :

- La victime avait encore l’index gauche passé dans l’anneau de l’opercule de la boîte de sardines. La carotide externe a été tranchée net. La boîte a été maintenue de la main droite et la plaie au pouce s’explique par le fait que celui-ci était positionné sur le dessus. Les tests effectués sur d’autres boîtes du même lot confirment les raisons pour lesquelles elles avaient été déclassées. Le pré-découpage de la feuille de métal a été mal effectué, la force de traction nécessaire pour séparer le couvercle de la boîte est quatre fois supérieure aux normes. Quand le métal a cédé, il a fait apparaître une arête anormalement tranchante sur le pourtour de l’opercule. La coupure superficielle dans le gras du pouce n’a que très peu ralenti le mouvement. Emporté par son élan, la victime s’est donc accidentellement tranché la carotide. C’est cette blessure qui a entraîné la mort.