L'écho de la cérole

Joséphine

Elle, c’est Joséphine, une femme idéaliste. Adolescente, elle rêvait du grand amour. Elle a rencontré un homme qui l’a accueillie telle qu’elle était, qui a toujours été respectueux de ses aspirations et qui l’a soutenue dans ses projets. En échange, elle pense lui avoir donné tout ce qu’elle avait à lui offrir. D’un commun accord, ils ne désiraient pas d’enfant. Ils ont donc vécu de nombreuses années l’un avec l’autre et l’un pour l’autre.

Malheureusement, comme il se plaît à faire avec toutes choses, le temps a lentement usé leur relation. Au mitan de sa vie, elle a commencé à ressentir ce froid insidieux qui s’immisce dans les moindres interstices. Alors qu’elle avait pour sa part l’intime conviction de n’avoir pas changé, elle sentait que, même s’il lui répétait qu’il l’aimait, qu’il goûtait chaque jour le bonheur de vivre avec elle, il n’offrait plus qu’une résistance passive au délitement de la situation. Persuadée qu’elle l’aimait encore comme au premier jour, elle faisait tout pour retrouver l’homme qu’elle avait connu. Elle lui répétait que la belle alliance qu’ils avaient construite devait être à l’épreuve du temps et qu’il suffisait, alors que leurs forces propres déclinaient, d’une once d’abnégation pour mettre en commun celles qui leur restaient afin d’entretenir la flamme. Il n’a pas su, pas pu l’entendre.

Ils continuent à vivre sous le même toit, ne partageant plus qu’un certain confort bourgeois devenu synonyme pour lui d’une vie pleine et accomplie et pour elle d’une prison dorée. Elle ressasse ses illusions perdues, elle se sent lâche. Elle se fustige de son manque de courage et elle a basculé dans la rancœur.