dimanche 17 novembre 2019

                                                                                                      Les Mille et Une Nuits, Sani ol Molk


Des nouvelles de Delphine et Marinette…
Ces deux fillettes, qui sont en fait des jeunes filles, ne sont pas des héroïnes de papier mais des citoyennes du monde comme vous et moi et pourraient tout aussi bien s’appeler Zobeïde et Shéhérazade.
La date de l’ultimatum est désormais caduque cependant l’intercession d’une femme, maître (peut-être devrais-je dire "maîtresse") du barreau, leur offre provisoirement grâce à un recours suspensif quelque sursis pendant que de nombreuses personnes d’horizons divers se mobilisent autour de la famille.
 Dans un conte, le parcours est généralement semé d’embûches mais les choses se terminent (presque) toujours bien pour les héros auxquels nous nous identifions.
Dans la vraie vie, celle qui ne nous propose plus de héros mais qui nous permet parfois de rencontrer des personnes avec lesquelles nous entrons en empathie, nous constatons à la fois similitudes et dissemblances par rapport à la fable. Dissemblances car les décors y sont rarement ceux d’une ferme jurassienne ou ceux d’un palais persan et car les personnages n’y font que peu souvent étalage de leurs pouvoirs magiques. Similitudes car certains de ces mêmes personnages y possèdent une âme aussi noire que celle du Loup ou du Roi des Rois sans toutefois être finalement châtiés pour leur actes.
Dans un conte, qu'il soit traditionnellement imprimé sur vélin ou plus généralement de nos jours diffusé sur écran plat, la distance est telle avec les personnages qu’elle nous permet à tout moment de refermer le manuscrit ou d’éteindre la télévision pour oublier presque instantanément les vicissitudes auxquelles ils sont soumis. La petite fille aux allumettes cesse dès lors, comme l’homme qui passe ses nuits dehors sur des cartons, d’avoir froid, celui qui se débat dans l’eau glacée de la mer cesse de se noyer et ceux qui sont renvoyés vers la misère ou les dangers qu’ils ont fui cessent d’avoir peur.
Dans la vraie vie, quand les personnages passent de deux à trois dimensions, quand ils se dépixélisent pour laisser place à des êtres de chair et de sang, il ne nous suffit pas de détourner les yeux pour interrompre le cours de leur histoire. Un regard échangé de pupilles à pupilles entremêle de manière irrévocable les destins de ceux qui se rencontrent. Les uns, souffrant de leur condition, et les autres, luttant contre la condition que l’on inflige aux uns, tissent des liens indéfectibles. Ce qui unit ces uns et ces autres, ceux qui luttent et ceux qui souffrent, ceux qui ont des droits et ceux qui n’en ont pas, c’est simplement le bien le plus cher que nous ayons tous en commun, notre humanité.

Zobeïde, Shéhérazade et leurs parents tentent à présent, face au cynisme de certaines des lois qui régissent notre société, de rassembler le maximum de preuves de leur infortune et le maximum de témoignages attestant de leur volonté de remplir les devoirs auxquels ils souhaitent ardemment être soumis. Gageons qu’avant que mille et une nuits ne se soient écoulées ils échapperont au couperet qui les menace.

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