dimanche 3 novembre 2019

                                                                             Manifeste, Benoît Delescluse, 2017
                                                                                       www.delescluse.com



Ça bouge.

Perché dans l’arbre phylogénétique, Homo Sapiens est sensible à ce mouvement. Certaines des branches qui l’entourent semblent définitivement inanimées. Celles d’Homo Habilis, d’Homo Erectus ou d’Homo Neanderthalensis ne paraissent plus irriguées par aucune sève. Que se passe-t-il donc sur la branche d’Homo Sapiens ? Seraient-ce les premières bourrasques du vent de l’Anthropocène qui l’agitent ? Le cas échéant, il est possible, si la tempête finissait par advenir, qu’elle se brise et que la partie subsistante de la ramure se transforme en bois mort. Il s’agirait peut-être du meilleur des scénarios pour toutes les branches encore vertes qui soutiennent d’autres espèces et qui, tenant plus du roseau que du chêne, résisteraient à la tourmente et pourraient, après que le vent soit retombé, poursuivre leur croissance.

Une autre hypothèse peut cependant être développée si l’on considère que l’Anthropocène n’est qu’un épiphénomène et si l’on accepte d’entrer dans le registre de l’anticipation, forcément subjectif. Suivant cet autre scénario, l’agitation perçue par Homo Sapiens pourrait lui être intrinsèque. L’arbre évoqué plus haut développerait peut-être un nouveau bourgeon qui pourrait donner naissance à une nouvelle branche abritant dès lors Homo Digitalis. Homme « amélioré » ? Homme « augmenté » ? « Post-humain » ?

Cette seconde hypothèse que d’aucuns pourront juger fantaisiste a au moins le mérite de poser un constat qui me semble lui objectif et qui n’engage bien entendu que votre serviteur : Alors qu’une grande partie de l’espèce (Homo Sapiens) survit plus qu’elle ne vit, une toute petite partie de cette même espèce met en œuvre des moyens colossaux à seule fin de jouer à l’apprenti-sorcier. Si Homo Digitalis finissait par advenir, il laisserait à coup sûr sur le carreau la plus grande part d’Homo Sapiens dont la branche finirait également, tôt ou tard, en bois mort.

Mes connaissances dans le domaine de l’arboriculture phylogénétique sont pour le moins limitées, je pose néanmoins une dernière question, candide : Le fait d’élaguer proprement un embryon de branche que l’on saurait porteur d’éléments infectieux capables d’endommager tout ou partie de l’arbre ne redonnerait-il pas vigueur à la branche atrophiée qui lui a donné naissance ?


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