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Ça bouge.
Perché dans l’arbre
phylogénétique, Homo Sapiens est sensible à ce mouvement. Certaines des
branches qui l’entourent semblent définitivement inanimées. Celles d’Homo
Habilis, d’Homo Erectus ou d’Homo Neanderthalensis ne paraissent plus irriguées
par aucune sève. Que se passe-t-il donc sur la branche d’Homo Sapiens ? Seraient-ce
les premières bourrasques du vent de l’Anthropocène qui l’agitent ? Le cas
échéant, il est possible, si la tempête finissait par advenir, qu’elle se brise
et que la partie subsistante de la ramure se transforme en bois mort.
Il s’agirait peut-être du meilleur des scénarios pour toutes les branches
encore vertes qui soutiennent d’autres espèces et qui, tenant plus du roseau
que du chêne, résisteraient à la tourmente et pourraient, après que le vent
soit retombé, poursuivre leur croissance.
Une autre hypothèse peut
cependant être développée si l’on considère que l’Anthropocène n’est qu’un
épiphénomène et si l’on accepte d’entrer dans le registre de l’anticipation,
forcément subjectif. Suivant cet autre scénario, l’agitation perçue par Homo
Sapiens pourrait lui être intrinsèque. L’arbre évoqué plus haut développerait
peut-être un nouveau bourgeon qui pourrait donner naissance à une nouvelle
branche abritant dès lors Homo Digitalis. Homme « amélioré » ? Homme
« augmenté » ? « Post-humain » ?
Cette seconde hypothèse que d’aucuns
pourront juger fantaisiste a au moins le mérite de poser un constat qui me
semble lui objectif et qui n’engage bien entendu que votre serviteur :
Alors qu’une grande partie de l’espèce (Homo Sapiens) survit plus qu’elle ne
vit, une toute petite partie de cette même espèce met en œuvre des moyens
colossaux à seule fin de jouer à l’apprenti-sorcier. Si Homo Digitalis finissait
par advenir, il laisserait à coup sûr sur le carreau la plus grande part d’Homo
Sapiens dont la branche finirait également, tôt ou tard, en bois mort.
Mes connaissances dans le
domaine de l’arboriculture phylogénétique sont pour le moins limitées, je pose
néanmoins une dernière question, candide : Le fait d’élaguer proprement un
embryon de branche que l’on saurait porteur d’éléments infectieux capables d’endommager
tout ou partie de l’arbre ne redonnerait-il pas vigueur à la branche atrophiée qui
lui a donné naissance ?
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