samedi 26 janvier 2019


L’eau.
L’eau, source de vie.
L’eau, source d’emmerdes aussi…
Elle a pourtant généralement bonne presse l’eau – mais en ces temps troublés, est-ce un atout ? – puisqu’elle forme avec l’air et la terre la trinité de la vie. C’est Melle Dupin, mon professeur de sciences naturelles du collège qui me l’a appris. À bien y réfléchir, elle n’a pas du employer  le terme de « trinité » que j’ai plutôt du entendre dans la bouche de Melle Duvain, mon professeur de religion, mais ces deux icônes pubertaires ont, près d’un demi-siècle plus tard, au seuil de la sénilité, tendance à se mélanger dans mon esprit pour ne plus former qu’une seule et même idole féminine et de toutes façons ce n’est absolument pas le sujet que je voulais aborder aujourd’hui mais, que voulez-vous, l’andropause aidant, je ne fais pas qu’engraisser, je digresse également, veuillez m’en excuser.
            L’eau donc, car c’est bien d’une histoire d’eau dont il s’agit aujourd’hui. Une histoire d’eau ayant pour cadre un décor intime où tout un chacun se retrouve habituellement a minima partiellement dévêtu.
Cette eau qui ne sait pas rester en place et qui, vous l’aurez certainement déjà remarqué, a souvent une fâcheuse tendance à s’écouler alors que ce n’est forcément toujours ce que l’on attend d’elle. Si cette propension à couler peut, je vous l’accorde, parfois s’avérer bien pratique, ne serait-ce que pour alimenter certaines expressions toutes faites de notre prêt-à-parler comme par exemple « se faire couler un bain » ce qui, soit-dit entre nous, n’a guère de sens puisque, dans ce cas particulier qui rejoint le général, ce n’est bien sûr pas le bain qui coule mais encore une fois l’eau, l’eau du bain certes, parfois accompagnée d’un bébé, que l’on finit immanquablement par jeter (notez ici l’importance capitale de la virgule qui, si on la supprimait, induirait la perpétration d’un acte qui aurait été, avant M. Badinter, passible de la peine du même nom) et, dont la propriété mentionnée – le fait de couler – est dans ce cas précis – le fait de s’en débarrasser– plutôt intéressante, elle (la propension à couler) réserve souvent quelques désagréments.
Cette eau pour laquelle l’homme, la femme aussi parfois mais c’est quand même plus souvent l’homme qui s’y colle alors que, à titre personnel, il ne me déplairait pas que la femme fît quelque effort pour, parfois, prendre à bras le corps le problème ce qui me permettrait, pendant ce temps, de cuisiner un pot-au-feu, de repasser quelques chemises ou d’aller retrouver mes amis à une réunion tupèrouère, cette eau pour laquelle l’homme donc s’est de tous temps ingénié à concevoir des canaux lui permettant, suivant ainsi sa pente naturelle, de s’écouler depuis le lieu où elle se trouve vers le lieu où l’on souhaiterait la trouver, m’a causé tantôt bien des soucis et c’est de son épanchement impromptu dont je voulais aujourd’hui à votre oreille m’épancher.
Vous savez peut-être, si vous me connaissez un tantinet, qu’à l’instar de l’un de ces illustres maîtres qui m’ont fait aimer les mots, je hais les haies. Pas toutes les haies, entendons-nous bien, je ne hais pas les haies du bocage normand qui embellissent le paysage, freinent l’érosion des sols et abritent tant de jolis zoziaux qui cui-cuitent à qui mieux-mieux, je hais les haies du bocage pavillonnaire, les haies de thuyas. Et bien sachez qu’outre ces haies, je hais également, sans aucun autre rapport entre les deux objets que celui de ce sentiment violent, irrépressible et dangereux, les magasins de bricolage. Pourquoi donc ? me demanderez-vous ce à quoi je vous répondrai que c’est peut-être parce que j’y ai le sentiment de me trouver en milieu hostile, entouré d’une foultitude d’outils de torture conçus pour réaliser d’innombrables tâches que je n’ai, à aucun moment, envie d’accomplir.
Or donc, pas plus tard que mercredi, qui est quand même le jour des enfants, catégorie à laquelle je revendique encore, malgré ma calvitie patente, mes rides qui se creusent et mon Dossier Médical Partagé qui vire au bottin numérique, d’appartenir, je me suis retrouvé propulsé en terra incognita et indesiderata avec pour mission d’en ramener un robinet et un flotteur.
J’aurais pu y laisser ma peau, j’en suis revenu. J’en suis revenu et j’ai réussi, après moult tours de rayons, de linéaires (particulièrement difficiles à circonscrire), puis de passe-passe et de clés à molette à contraindre cette eau qui ne pensait qu’à couler en dehors des conduits que je lui avais assignés, à stagner à l’endroit qui lui était désigné lui permettant néanmoins de couler périodiquement, mais à mon injonction seulement, quand je décide qu’il est temps de tirer la chasse.

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