lundi 15 avril 2024

Ça s’est passé près de chez nous et ce n’est malheureusement pas une blague belge…

La riante commune dans laquelle je villégiature à temps plein, nichée dans son écrin de verdure pavillonnaire, est assez caractéristique des zones suburbaines : le village ancien disparaît  lentement au milieu de l’agglomérat des lotissements successifs. Dans le centre, un édile inspiré a fait donner aux rues le nom d’habitants du village qui se sont illustrés au cours des évènements de l’histoire. Dans le quartier « récent » où les pavillons individuels ont poussé comme des champignons, les décideurs ont été moins inspirés et ce sont là des noms d’oiseaux qui ont fusé : rues des roitelets, des fauvettes, des bouvreuils… Il est à noter que les corbeaux, les vautours et les gypaètes barbus n’ont pas été retenus.

Corroborant le fait que, dans l’art de l’odonymie, les talents sont assez irrégulièrement distribués, le changement de nom de deux rues de la commune a été, sans toutefois faire l’unanimité, voté par l’actuel conseil municipal. Le journal dans lequel j’ai lu l’information ne précise pas, par magnanimité sans doute, de qui cette proposition émanait mais indique que ce choix a été dicté dans un souci de fluidification du trafic routier (sic).

Ainsi, nul doute que la circulation passablement visqueuse des bennes à ordures dans l’impasse des prés moussus gagne désormais en fluidité dans l’impasse du service de collecte CAV. Mais la pépite est ailleurs. Le groupe automobile multinational franco-italo-américain Stellantis possède une usine implantée en partie sur la commune et les élus de ladite commune ont donc décidé de nommer la rue qui mène à cette usine rue Stellantis logistics (sic, si, si).

 Curieux, je me suis demandé ce qu’était une logistics. J’ai fini par trouver qu’il s’agissait en fait d'une part of supply chain management that deals with the efficient forward and reverse flow of goods, services, and related information from the point of origin to the point of consumption according to the needs of customers. Poussant un peu plus loin mes recherches, j’ai même trouvé qu’il existait, en français un terme équivalent : logistique.

Dès lors, si on tenait absolument à donner à une rue le nom de l’entreprise, pourquoi ne l’écrire qu’en partie en anglais d’aéroport ? Pourquoi ne pas aller jusqu’au bout en assumant un  Stellantis logistics street ? Peut-être le trafic n’aurait-il pas eu la fluidité désirée.

  Pour finir, je me suis demandé si, dans le cas où l’usine sise sur le territoire de la commune aurait fabriqué des préservatifs et des gels lubrifiants, nous aurions du circuler dans la rue Durex ou, si une fromagerie industrielle avait occupé les lieux, nous aurions déambulé sur la chaussée aux moines.


 

5 commentaires:

  1. Nous vivons dans le siècle de l Abondance...on en oublie donc la simplicité du chemin du Compostelle...bon elle était facile celle la.
    Merci pour ce bel article.
    MLT

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  2. Je suis solidaire de votre commentaire 👌juste une précision à une époque pas si lointaine un maire et son Conseil municipal a donné des noms de rues à la mémoire de certaines femmes célèbres pour leurs engagements. les maires se suivent mais ne se ressemblent pas 😜

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  3. Cest absolument delirant !
    Sans doute pour donner dans l'originalité et le ridicule.
    Pour cela, ils n'avaient pas besoin de cela !

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  4. Dans une commune très proche, il y a l'impasse des Droits de l'homme... sans doute de grands humanistes !

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  5. Ce n'est pas une impasse mais une rue il est vrai quelle est entravée par une barrière pour protéger les droits des piètons

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