Un ciel flamand semble souvent
gris et vide. En passant outre cette première impression, en abandonnant le
prisme déformant des écrans, en ouvrant les yeux en grand, on voit mille autres
choses dans un ciel flamand.
C’est la même chose sur la terre.
Baissant les yeux, on peut voir les panneaux interdisant l’accès aux aires de
stationnement des poids-lourds le long de l’autoroute. Les échangeurs routiers,
serpents de bitume entrelacés, paraissent réduits à une immobilité minérale. De
part et d’autre de la route bordée de hautes grilles métalliques qui mène aux
terminaux d’embarquement, on peut constater que la jungle a laissé place au
désert.
Cependant, comme dans le désert,
malgré un environnement hostile, la vie est partout. A l’écart des habitations,
dans les zones industrielles, sous les tabliers des ponts, partout où les
constructions urbaines peuvent ménager un abri si précaire et si relatif
soit-il, des hommes survivent.
Ils sont à peine plus visibles à
Calais que dans l’espace médiatique dont ils ont à peu près disparu. Ils ont
pourtant, eux aussi, une fin à laquelle ils doivent faire face, une fin tout
aussi capitale que la fin du monde ou la fin du mois, la fin de la nuit.
Les bénévoles des associations
qui viennent en aide à ces hommes, presqu’aussi invisibles qu’eux (en France en
tous cas), leur conseillent actuellement, pendant qu’ils leur apportent
quotidiennement des couvertures, des vêtements, des repas chauds et du bois de
chauffage, de tenter de dormir le jour, quand il fait un peu moins froid, et de
se maintenir éveillés, autour de feux, pour arriver au bout de la nuit.
Au milieu d’une zone commerciale,
entre un supermarché hard-discount et des marchands de spiritueux, un grand
entrepôt abrite les activités des associations, anglaises comme Help Refugees
et françaises comme L’Auberge des Migrants ou Utopia 56. C’est là que tous les
jours, plusieurs dizaines de bénévoles trient, nettoient, réparent, les vêtements,
vérifient l’état des tentes, fabriquent le bois et préparent plus de mille
repas.
Voilà, j’aurais pu encore parler
de l’omniprésence des Compagnies Républicaines de Sécurité, des réactions
contrastées des habitants de la ville, du troisième pilier de notre devise
républicaine, … mais j’ai préféré tenter le compte-rendu objectif (dans la
mesure du possible) de mon cours séjour sous le ciel flamand.
Panneau situé à l'entrée de l'entrepôt
faisant la liste du matériel (bois, couvertures,
chaussettes, imperméables, gants, ...)
distribué pendant la semaine
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