jeudi 8 octobre 2020

      Je suis un contenant à l’intérieur duquel différents fluides peuvent s’insinuer. Pour le dire autrement, je suis quelqu’un d’influençable. Le flux provenant des astres, la température et la pression atmosphérique, la couleur du ciel ou la forme des nuages peuvent m’influencer mais il semble que je sois encore plus sensible à l’influence de mes congénères (ce terme incluant également celles qui n’ont pas mon genre) par le biais des idées qu’ils font couler en moi.

            En tant que contenant, j’ai pu à l’origine accueillir le tout-venant. En fonction de ce qui m’a alimenté, des dispositifs de filtration se sont mis en place qui ont retenu certains apports et en ont éliminé d’autres. Vu sous cet angle, en existe-t-il un autre ?, ce dont je suis rempli est le résultat d’une (belle) loterie.

            Les premiers à m’avoir nourri sont certainement mes parents et je leur sais gré de ce qu’ils ont pu, dès l’origine, mettre en place. Certains de mes précepteurs, de mes aînés, de mes compagnons, qu’ils aient porté culottes ou jupons, ont également contribué à me faire devenir qui je suis. Au fur et à mesure, la machine s’est complexifiée jusqu’à développer une forme d’autonomie qui a également pu permettre quelques vidanges salutaires.

            Certaines rencontres, provoquées par le hasard s’il existe, ont aussi contribué et contribuent encore à ce processus. La dernière en date, car il faut bien que ce discours métaphorique aboutisse à quelque chose de plus substantiel, est celle d’avec la philosophe Barbara Stiegler, que j’ai vue et écoutée cet été sur les bords de l’Orbieu. Je viens de terminer la lecture de son dernier ouvrage « Du cap aux grèves » aux éditions Verdier, et je tiens à la remercier chaleureusement pour la qualité du carburant qu’elle a pu m’injecter.

            Merci à vous Madame Stiegler d’avoir su exposer simplement votre ressenti et de m’avoir rendu accessibles vos réponses, et vos questions d’ailleurs, concernant ce qui, il faut bien le dire, me turlupine depuis un bon moment.

 


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