dimanche 25 septembre 2022

  

Certains mots me sont indifférents. L’adjectif tiède, par exemple, ne me fait ni chaud ni froid. Il est d’autres mots que j’apprécie particulièrement pour des raisons que je n’ai pas encore cherché à découvrir. Et puis, vous me voyez venir, il est aussi des mots que je n’aime pas.

Je n’oublie pas la prodigieuse liste des mots que je ne connais pas et que, dans un souci de logique que d’aucuns disputeraient peut-être, je n’évoquerai pas.

Les mots que je n’aime pas donc. Certains pourraient éventuellement appartenir à la dernière catégorie évoquée. Je décide que non car mépriser a priori ce qui m’est inconnu ne me semble pas judicieux.

Les mots que je n’aime pas sont donc des mots que je connais, que je lis ou que j’entends, voire que j’utilise parfois sans forcément toujours en saisir le sens.

Parmi les mots que je n’aime pas et que, de surcroit, je veille à ne pas utiliser, il en est un qui me tarabuste actuellement. J’aimerais ici, plutôt que de le vilipender sans discernement, tenter de le comprendre avant d’analyser les raisons qui me poussent à le mésestimer.

Condoléance.

Avant d’aller jeter un œil à l’intérieur du sac, je tente de réfléchir avec mes propres billes. Je dissèque et sépare le préfixe du radical. La référence des fameux cahiers des États Généraux me fait interpréter la doléance comme une demande, un souhait, une requête. Première erreur puisque le dictionnaire la définit comme une plainte pour réclamer au sujet d’un grief. Mais alors, quel rapport avec les circonstances dans lesquelles le mot, généralement au pluriel, est employé ? Exprimer à quelqu’un ses condoléances signifierait se plaindre avec lui ?... Mais de quoi ? De la disparition d’un être cher, d’accord. Mais à qui ? À Dieu ? À d’autres ! C’est ma deuxième erreur que je ne corrigerai qu’avec l’aide de l’étymologie : condolere, de dolere, « souffrir ».

« Souffrir avec » donc. Ainsi, la condoléance est une forme d’empathie. Être condoléant c’est prendre part à la douleur de l’autre et l’exprimer. Cette découverte, ce surgissement du sens, me font dès lors trouver ce mot bien moins moche qu’il n’en a l’air.

Du coup, cette réponse amène une autre question : Pourquoi ce mot avait-il pour moi, a priori, l’air moche ?

Parce que je ne savais pas vraiment ce qu’il signifiait. Mais ce n’est pas suffisant, il y avait autre chose, il y avait ce sentiment de culpabilité, d’embarras, de gêne à utiliser une formule toute faite comme il y en a pour chaque évènement de la vie, des « Félicitations ! » de la naissance aux « Condoléances » de la mort.

Pourquoi dire/écrire ce mot ? (souvent appuyé par l’adjectif sincères au cas où l’interlocuteur/le lecteur aurait des doutes)

Parce que c’est comme ça, parce que c’est ce qu’il faut dire/écrire en pareilles circonstances ?

Bof…

Je suis content d’avoir appris quelque chose mais je crois que je continuerai à chercher des mots qui me soient propres, des mots qui exprimeront simplement ce que je pourrai ressentir, des mots qui apparaîtront sincères à qui les entendra ou les lira.

 

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