lundi 15 août 2022

Le jour pointe, elle ouvre les yeux. Elle se lève. Lui dort encore, il ronfle. Devant le miroir de la salle de bains, elle observe ses traits tirés, les petites rides qui commencent à se former aux coins des lèvres et les racines de ses cheveux dont la couleur tranche avec celle de sa teinture. Elle se trouve laide.

À la cuisine, pendant que le café coule, elle termine la vaisselle de la veille. Elle dresse ensuite la table du petit-déjeuner pour les enfants. Chafouine, elle laisse à son mari le soin d’aller chercher lui-même sa tasse dans le placard.

Quand tout le monde est installé, elle retourne dans la chambre. Elle en ressort habillée pour sa journée de travail, silhouette masculine, désespérément commune.

Dans la rue, démissionnaire de toutes les causes qui ne la concernent pas au plus près, elle détourne la tête pour ne pas croiser le regard de celui qui, tous les matins, fait la manche devant la vitrine de la boulangerie.

Elle se sent si banale dans sa vie quotidienne et ne pense qu’à ces quelques minutes de pauvre plaisir quand, infidèle, elle va au moment de la pause-déjeuner rejoindre son amant.

Le soir venu, anxieuse, elle retourne chez elle avec, sur les épaules, tout le poids de ce quotidien dont elle se sent prisonnière. Assise au fond du bus, elle jette un regard désabusé sur toutes celles qui lui ressemblent, elle se sent clonée.

Dans l’entrée de l’immeuble, pessimiste, elle passe d’abord devant la boîte aux lettres sans l’ouvrir afin d’éviter les mauvaises nouvelles.

Puis elle se ravise, revient sur ses pas et extrait finalement du casier la grande et grosse enveloppe dont elle se met à lire le recto. Peu à peu, un sourire se dessine sur ses lèvres, son regard s’illumine car c’est à elle et à elle seule que cette lettre est adressée !

Tout compte fait, la vie est belle !

 


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