« C’était le bon temps ! »
Foutaise, baliverne,
niaiserie, calembredaine et billevesée…
Je ne jouerai pas le jeu
retors de l’apprenti rhétoricien en m’aventurant sur le terrain glissant qui
mène de « C’était le bon temps ! » à « C’était mieux avant ! »
et ce pour deux raisons : de une, si c’était (éventuellement) mieux avant,
c’est parce que j’étais plus jeune et de deux, je souhaiterais rester avec
vous, près de vous, tout contre vous, (pour aujourd’hui, une autre fois les
choses seront peut-être différentes) uniquement sur le plan du sens qui peut
parfois être bon, comme disait René quoiqu’il m’arrive parfois de douter qu’il
soit effectivement la chose au monde la mieux partagée, contrairement au temps
qui lui n’a jamais été ni bon ni même vieux d’ailleurs mais c’est encore une
autre histoire.
Un fromage ou un vin peuvent être
bons, un point peut être bon même si on n’en distribue plus guère aujourd’hui
mais pas le temps.
Si, ne sachant pas trop dans
quelle case le ranger, je disais que le temps est une chose, cela signifierait
que le bon temps a une valeur utilitaire positive, qu’il est utile, agréable,
efficace. Or, et cette analyse n’engage que moi, je trouve au contraire le
temps perfide. Si vous avez un peu de temps, je vais développer. De multiples
exemples pourraient étayer mon propos, je n’en choisirai que quelques uns.
Tout d’abord, le temps nous
est compté. Il pourrait, en ce sens, s’agir d’une monnaie. Certains en donnent,
d’autres en prennent, certains en gagnent, d’autres en perdent. Le temps serait
donc de l’argent, une espèce de valeur plus ou moins fiduciaire, fondée sur la
confiance que nous accorderions à celui qui l’émet. Mais justement, d’où
vient-il ce temps ? D’un passé sombre et lointain dont plus personne n’a
vraiment le souvenir. Allez là-dedans, dans la nuit des temps, trouver un
émetteur solvable. Je vous souhaite bonne chance.
Ensuite, le temps est une
anguille. Il nous file entre les doigts. Sitôt qu’on l’a trouvé, on le perd. Il
passe, il file même souvent et il est impossible de l’arrêter. Une illustration
à ce propos ? Nous sommes aujourd’hui mercredi, jour des enfants. Cela tombe
bien, je n’en ai plus (à charge). J’aurais donc du facilement trouver du temps
pour m’entretenir avec vous. Et bien figurez-vous que, dès ce matin, j’en ai
perdu une bonne liasse en contraintes épicières. Si j’en ai par la suite
regagné quelques pièces en buvant un verre avec des amis tout en dégustant quelques
tranches de filet mignon fumé, je m’en suis à nouveau délesté d’une pleine
bourse en m’assoupissant sur le canapé après un déjeuner pourtant frugal et, à
l’heure où je vous parle, je prends soudain conscience qu’il file encore une
fois à l’anglaise ne me laissant pour seule alternative au dîner que je me dois
de préparer pour Dulcinée, que la confection rapide et peu inspirée d’une
assiette du même nom.
Pour finir, j’aurais aimé
encore tenir le temps d’un troisième exemple édifiant mais puisque tempus fugit, le lâche, il ne me reste plus
qu’à souhaiter qu’un jour, quelqu’une, quelqu’un ou quelque chose, une entité
quelconque, humaine ou pas, La Poste ou un autre Mètre réussisse à terrasser
Chronos.
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