mercredi 10 avril 2019


« C’était le bon temps ! »
Foutaise, baliverne, niaiserie, calembredaine et billevesée…
Je ne jouerai pas le jeu retors de l’apprenti rhétoricien en m’aventurant sur le terrain glissant qui mène de « C’était le bon temps ! » à « C’était mieux avant ! » et ce pour deux raisons : de une, si c’était (éventuellement) mieux avant, c’est parce que j’étais plus jeune et de deux, je souhaiterais rester avec vous, près de vous, tout contre vous, (pour aujourd’hui, une autre fois les choses seront peut-être différentes) uniquement sur le plan du sens qui peut parfois être bon, comme disait René quoiqu’il m’arrive parfois de douter qu’il soit effectivement la chose au monde la mieux partagée, contrairement au temps qui lui n’a jamais été ni bon ni même vieux d’ailleurs mais c’est encore une autre histoire.
Un fromage ou un vin peuvent être bons, un point peut être bon même si on n’en distribue plus guère aujourd’hui mais pas le temps.
Si, ne sachant pas trop dans quelle case le ranger, je disais que le temps est une chose, cela signifierait que le bon temps a une valeur utilitaire positive, qu’il est utile, agréable, efficace. Or, et cette analyse n’engage que moi, je trouve au contraire le temps perfide. Si vous avez un peu de temps, je vais développer. De multiples exemples pourraient étayer mon propos, je n’en choisirai que quelques uns.
Tout d’abord, le temps nous est compté. Il pourrait, en ce sens, s’agir d’une monnaie. Certains en donnent, d’autres en prennent, certains en gagnent, d’autres en perdent. Le temps serait donc de l’argent, une espèce de valeur plus ou moins fiduciaire, fondée sur la confiance que nous accorderions à celui qui l’émet. Mais justement, d’où vient-il ce temps ? D’un passé sombre et lointain dont plus personne n’a vraiment le souvenir. Allez là-dedans, dans la nuit des temps, trouver un émetteur solvable. Je vous souhaite bonne chance.
Ensuite, le temps est une anguille. Il nous file entre les doigts. Sitôt qu’on l’a trouvé, on le perd. Il passe, il file même souvent et il est impossible de l’arrêter. Une illustration à ce propos ? Nous sommes aujourd’hui mercredi, jour des enfants. Cela tombe bien, je n’en ai plus (à charge). J’aurais donc du facilement trouver du temps pour m’entretenir avec vous. Et bien figurez-vous que, dès ce matin, j’en ai perdu une bonne liasse en contraintes épicières. Si j’en ai par la suite regagné quelques pièces en buvant un verre avec des amis tout en dégustant quelques tranches de filet mignon fumé, je m’en suis à nouveau délesté d’une pleine bourse en m’assoupissant sur le canapé après un déjeuner pourtant frugal et, à l’heure où je vous parle, je prends soudain conscience qu’il file encore une fois à l’anglaise ne me laissant pour seule alternative au dîner que je me dois de préparer pour Dulcinée, que la confection rapide et peu inspirée d’une assiette du même nom.
Pour finir, j’aurais aimé encore tenir le temps d’un troisième exemple édifiant mais puisque tempus fugit, le lâche, il ne me reste plus qu’à souhaiter qu’un jour, quelqu’une, quelqu’un ou quelque chose, une entité quelconque, humaine ou pas, La Poste ou un autre Mètre réussisse à terrasser Chronos.

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